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Air France, Talion et populisme

Le 5 octobre dernier, quelques salariés d’Air France ont violemment agressé certains cadres et vigiles du groupe. Les clichés et vidéos de l’évènement ont fait le tour du monde et suscité une stupeur et une réprobation quasi unanimes. Le 12 octobre dernier, 6 de ces salariés ont été interpelés à leur domicile et mis en garde à vue, 5 d’entre eux étant déférés au parquet pour « violences aggravées » et la direction d’Air France a annoncé des mesures disciplinaires à l’encontre de ces salariés. Continuer la lecture de Air France, Talion et populisme

Actionnaire de court terme

Pour une majorité d’actionnaires, l’horizon se rapproche

Il faut bien comprendre que dans une entreprise non cotée en bourse, l’actionnaire est engagé pour la durée de la société, en général plusieurs dizaines d’années, et qu’il ne peut en sortir qu’en cherchant un actionnaire qui rachèterait ses parts et prendrait sa place. S’il est minoritaire, c’est une opération souvent très compliquée, et s’il est majoritaire, c’est une vente de société, tout aussi compliquée. On comprend qu’il soit ainsi difficile pour une société non cotée de trouver des actionnaires mais on comprend tout autant qu’ils soient très attachés au long terme.
Pour remédier à cette difficulté, est apparue, surtout à partir du XIXe siècle, la bourse de valeurs, un marché d’échanges d’actions où chaque actionnaire peut venir offrir les actions qu’il veut vendre et où des acheteurs viennent indiquer leurs souhaits. Le rapport des acheteurs et des vendeurs fixe le prix. Sur ce marché, dit secondaire, l’achat d’actions n’est pas toujours un engagement à très long terme puisque l’actionnaire peut sortir assez facilement. L’entreprise ne reçoit aucune somme dans ces échanges et le cours de l’action n’a aucune influence directe sur son fonctionnement. Par contre le fait de rendre liquide le placement en actions facilite l’arrivée de nouveaux actionnaires sur le marché primaire (c’est-à-dire celui des émissions de nouvelles actions qui est le seul à apporter réellement de nouveaux capitaux à l’entreprise) donc la facilité pour les sociétés cotées d’augmenter leur capital si nécessaire.¹
Mais cette facilité a eu une autre conséquence : l’effacement du propriétaire dirigeant au profit de l’actionnaire investisseur² . De la notion de patrimoine, on est passé à celle de placement, puis à celle de support de placement. Et l’horizon même de ce placement ne cesse de diminuer, de 7-8 années dans les années 1950-1970 à 6 mois environ en 2014³
L’évolution des techniques financières a conduit à ce que, sur une période de 6 mois, les variations « accidentelles » de la valeur d’une action atteignent couramment 10 à 20% alors que le bénéfice par action sur la même période n’atteint souvent pas les 10% et le phénomène s’accentue encore lorsque la période de détention se raccourcit. Les propriétaires de court terme sont donc particulièrement sensibles à la seule valeur de l’action. Et cette valeur de l’action dépend autant de facteurs externes à l’entreprise (annonces des banques centrales, taux d’intérêt et ou d’inflation, anticipation de conjoncture mondiale…) que de facteurs internes à l’entreprise qui sont, (anticipation de bénéfice) ou ne sont pas, liés à la santé ou au développement de l’entreprise (projet de fusion ou de rachat, réduction de capital augmentant le bénéfice par action, entrée ou sortie d’un indice majeur type CAC40…).
De plus, ce marché boursier ne peut fonctionner qu’avec des divergences d’appréciation, voire d’information des acteurs puisque tout vendeur ne peut vendre qu’à un acheteur et réciproquement. Compte tenu de l’infinie rapidité des marchés[4], on peut ainsi assister à des variations très brutales sur une simple communication émise par l’entreprise, par des analystes ou des gourous dont nul ne sait quels sont leurs intérêts et objectifs réels, chacun ne pouvant gagner que s’il comprend une fraction de seconde avant « les autres ». La valeur de l’action, sur le court terme, diverge donc de plus en plus de la réalité de l’entreprise.
On comprend ici le rôle crucial de la communication qui tend de plus en plus à contrôler, voire à remplacer l’information.

[1] Pour avoir un ordre d’idées, la capitalisation boursière sur Euronext (Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne, Paris), c’est-à-dire la valeur totale des actions cotées au 1/1/2015 était de 2734 Mds€. Le volume annuel 2014 des transactions sur le marché secondaire était de 1535Mds€. Le montant des apports de capitaux sur le marché primaire actions était de 10,7 Mds€ (source Euronext Factbook 2014) .

[2] Encore que cette catégorie recèle des types très différents : du père de famille au trading haute fréquence en passant par les groupes industriels, les fonds, les fonds de pension….

[3] Source Euronext et nyse fact book 2014 (ce temps est encore plus court sur les marchés américains) NYSE, SG global strategy research cité par trendsetter.fr

[4] La SEC (Security Exchange Commitee) a remplacé sous outil de surveillance de la régularité des marchés à la milli seconde par un outil à la nanoseconde !!!!! car elle n’arrivait pas à suivre les manipulations de marché.

 

Je suis Charlie….Mais pas que…..

Mercredi, la barbarie a surgi dans notre quotidien. Une barbarie qui a massacré sauvagement des femmes et des hommes qui bravaient courageusement depuis des années un danger qu’ils assumaient. Dessinateurs, policiers, agents de surveillance ou autres, ils sont aujourd’hui, ce que furent il y a 70 ans les résistants: des héros qui ont choisi,  au péril de leur confort, de leur famille, de leur peur quotidienne et de leur existence, de défendre sans concessions les valeurs de liberté qui les animaient. Même si, comme il y a 70 ans, on peut avoir des réserves sur certains moyens employés. Continuer la lecture de Je suis Charlie….Mais pas que…..

Vers des medias libres et responsables ?

 

Vers des medias libres et responsables ?

L’histoire

Dès 1836, Emile Girardin, fondateur du Petit Journal  proclame : « En France, l’industrie du journalisme repose sur une base essentiellement fausse, c’est-à-dire plus sur les abonnements que sur les annonces. Il serait désirable que ce fût le contraire. Les rédacteurs d’un journal ont d’autant moins de liberté de s’exprimer que son existence est plus directement soumise au despotisme étroit de l’abonné, qui permet rarement qu’on s’écarte de ce qu’il s’est habitué à considérer comme des articles de foi[i][]». Deux siècles après la création de la Gazette (1631), la presse moderne nait ainsi sous des préceptes clairs. L’explosion des moyens techniques d’impression et de diffusion, les progrès de l’éducation qui créent de nouveaux lecteurs, la baisse des tarifs pour conquérir un plus large public, et les lois sur la liberté de la presse font le reste : de 70000 exemplaires à la veille de la Révolution, le tirage quotidien passe à plus de 10 000 000 d’exemplaires à la veille de 1914. Une manne qui attire financiers et aventuriers. Et ceux-ci comprennent vite qu’une presse fondée sur la publicité, ne libère pas de la contrainte du lecteur : il y a plus d’un siècle, l’information spectacle nait ainsi de la double nécessité d’attirer le lecteur pour augmenter les tarifs de la publicité, sans pour autant déplaire aux annonceurs ni aux propriétaires. Continuer la lecture de Vers des medias libres et responsables ?

MJC Saison 2013-2014

Au fur et à mesure de la saison, vous verrez apparaitre ici les photos des différents spectacles ou activités collectives de la MJC de Fontaines Saint Martin. Vous y trouverez peut-être vos enfants, vos amis, les animateurs ou les artistes qui sont intervenus. Il ne s’agit pas d’une sélection photographique, mais d’une sorte de récit de notre année où chacun trouve sa place. Merci et Bravo à toutes et à tous.
Pour accéder à l’album: Photos MJC saison 2013-2014

Concert 30 ans section musique études INSA Lyon

Profitant de la mise en place d’une grande scène pour les 24 heures de l’INSA, la section musique études a donné, pour ses trente ans, un magnifique concert « hommage à Jaco Pastorius » avec près de 80 musiciens et choristes sous la direction de Laurent Ricxard.
La première partie était assurée par le tm trio, lui aussi largement insalien.
Le concert était suivi d’un spectacle de feu donné par l’Association des Jongleurs de l’INSA de LYON.

Pour accéder à l’album: Concert 30ans musique études INSA Lyon

Manifeste pour une justice sereine

A quinze jours d’élections municipales très difficiles Le Monde et Médiapart ont fait de fracassantes révélations sur l’existence, puis sur le contenu, d’écoutes visant un ancien Président de la République qui n’était pas candidat à ces élections[i].

Sans préjuger d’aucune manière de la réalité des délits qu’aurait ou non commis cet ancien Président, plusieurs constatations s’imposent.[ii]

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Elections municipales et intérêt général

A quelques jours d’un scrutin qui voit près d’un million de candidats se présenter, l’Intérêt Général est à la mode.

Mais de quoi parle-t-on ? Cet Intérêt Général serait-il une évidence incontestable et immuable que chaque candidat défend avec acharnement contre des adversaires, au mieux incapables de le saisir, au pire cachant de noirs et inavouables desseins ?

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Balade à Bruxelles

Bruxelles, qui fut la ville de la convivialité, de l’humour et de la bonne humeur ?

Bruxelles dont Jacques Brel faisait sonner les pavés de la place Ste Catherine en chantant les omnibus, les crinolines, les frites d’Eugène ou le tram 33 ?

Bruxelles qui connut la fluidité et l’élégance de l’Art Nouveau ?

Bruxelles qu’un urbanisme débridé et ravageur manqua de détruire ?

Bruxelles qui symbolisa dans les années 50 le rêve d’une Europe unie, prospère et pacifique, diabolisée 60 ans après comme une Tour de Babel, coupée des réalités, hautaine et paralysée ?

Ou encore Bruxelles de la bande dessinée, Bruxelles médiéval, Bruxelles ambigu  partagé entre une population aisée, récente, cosmopolite et une autre autochtone plus hétérogène, affligée de 20% de chômage[i]?

Comment définir une telle ville, à la fois ville centre, agglomération, région, capitale d’un état aux deux langues et centre d’une Europe à 28 ?
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